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M. Ipou Félicien AMANI, Président de l'APREF, Directeur général de l’administration du territoire de Côte d’Ivoire

La communication publique en Côte d’Ivoire

Témoignage de M. Ipou Félicien AMANI, Président de l’APREF, Directeur général de l’administration du territoire de Côte d’Ivoire

Contexte. La révolution numérique, au cours des dernières décennies, a bouleversé le champ de la communication à travers la capacité, jamais égalée, de diffuser et d’établir des contacts, de transmettre les informations et de porter des messages vers des cibles identifiées et même des cibles non destinataires. Elle est globale et témoigne du monde en mutation.

La communication publique, circonscrite à la stratégie des institutions étatiques à établir un lien avec les groupes sociaux et les organisations non étatiques, s’approprie les nouveaux codes et canaux de communication. En Côte d’Ivoire, pays francophone, la communication publique, telle qu’appréhendée, épouse les nouvelles orientations et développe des spécificités attachées à son organisation administrative et son histoire récente. Elle s’appuie, en outre, sur des ressorts variés. Ceux-ci sont composés des medias classiques (radio, télévision, presse écrite), d’institutions et de canaux traditionnels.

1-L’ACTION DES MEDIA CLASSIQUES ET LEUR EVOLUTION VERS LES MEDIAS SOCIAUX

Les chaines publiques de radio-télévision demeurent encore le principal vecteur d’information publique. Les chaines publiques de radio et de télévisions sont de puissants relais de l’information publique. Elles participent à la diffusion de l’actualité liée aux actions gouvernementales. Elles créent et animent des espaces de divertissement et d’éducation qui sont la traduction de la politique de communication mise en place par les pouvoirs publiques.

La presse écrite enregistre également un organe officiel avec une mission de service public d’information. Le quotidien pro-gouvernemental développe une ligne éditoriale orientée vers la promotion de l’action gouvernementale.

Les chaînes audio-visuelles publiques ont également développé des services en ligne au cours des dernières années pour s’adapter aux dynamiques nouvelles. Elles renforcent ainsi leur accessibilité à travers les technologies de l’information (site internet, page Facebook).

L’action publique de communication, à travers les canaux ci-dessus mentionnés, est coordonnée par un département ministériel au sein du gouvernement qui en définit les lignes directrices. Le ministère de la communication, de la poste et de l’économie numérique, tutelle desdits organes, est au centre de la communication gouvernementale.

Pour maintenir le niveau soutenu de sa communication publique, dans un environnement de plus en plus dominé par les medias sociaux ou l’instantanéité est érigée en critère de performance, le gouvernement ivoirien s’est doté d’un organe dédié qui est le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG) dont la vocation est aussi de projeter l’action gouvernementale sur le web.

2-AUTRES INSTRUMENTS INSTITUTIONNELS

La spécificité d’un pays sorti de crise. La communication publique dans un pays ayant traversé une décennie de crise socio politique revêt une spécificité qui se décline en Côte d’Ivoire également dans l’architecture gouvernementale. Deux départements ministériels illustrent pleinement la volonté de développer une stratégie de communication soutenue ayant vocation à promouvoir les politiques de reconstruction économique, de réconciliation, de promotion du consensus politique et la démocratie. Il s’agit d’une part d’un département ministériel dédié à la cohésion sociale et à la solidarité et de la protection des couches vulnérables et, d’autre part, un département ministériel en charge du dialogue politique.

3-ADMINISRATION PRÉFECTORALE, VECTEUR DE LA COMMUNICATION PUBLIQUE

En vue de garantir une portée suffisante de l’action d’information publique, l’administration préfectorale en Côte d’ivoire constitue un relais essentiel à travers son maillage territorial qui permet à la fois de légitimer l’Etat auprès des populations des zones reculées des agglomérations urbaines et d’être le réfèrent de l’information non partisane. Leurs missions traditionnelles de relais entre les populations et l’Etat central, d’administration chargée de l’application des lois et règlements et de mise en œuvre des politiques publique font des Préfets en Côte d’Ivoire des leviers de la communication publique. Plus bas dans l’échelle territoriale, dans les villages et les sites habités en milieu rural, le crieur public est la principale courroie de diffusion du message public. En assurant cette fonction à travers la langue locale adaptée à la cible, il devient ainsi le canal ultime de la communication publique. Le rôle de l’administration territoriale dans le déploiement de la communication publique a contribué fortement à la résorption de la fracture sociale dans la période post crise et constitué l’outil principal de la stratégie de prévention contre la maladie à virus Ébola.

Contenu et cibles. Les messages, au cœur de cette communication publique, sont la promotion du développement, la mise en évidence de l’action publique, la justification des choix de politique publique et l’implication des populations au processus de décision qui engage leur bien-être. Les populations, les organisations non étatiques, les investisseurs, les acteurs économiques sont les principales cibles de la communication publique.

Conclusion. Deux défis caractérisent la perspective de la communication publique en Côte d’Ivoire. Il y a d’abord la compétition politique et l’élargissement du champ démocratique qui développent de plus en plus une communication politique portée par les réseaux sociaux. L’impact de cette nouvelle donne reste à mesurer en rapport avec la communication publique. Ensuite l’interaction avec le citoyen est un nouveau défi que la communication publique doit relever pour consolider sa vocation de levier de gouvernance.