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Jean-Marc BASSAGET, sous-préfet de Saint-Julien-en-Genevois

Sous-Préfet en zone frontalière

Témoignage de M. Jean-Marc Bassaget, sous-préfet de Saint-Julien-en-Genevois

Le « nomadisme préfectoral » a cela de bon qu’il nous conduit à découvrir la diversité des territoires….

De montagnes en vallées, de plaines en collines, de métropoles en villages ruraux, chacune et chacun d’entre nous assume au quotidien le rôle « d’entrepreneurs des territoires ».

Mais pour certains d’entre nous, l’aventure se décline au rythme des mouvements pendulaires et des relations économiques, culturelles et sociales avec nos voisins européens.

La sous-préfecture devient alors un véritable « poste avancé de l’Etat » premier interlocuteur des élus et acteurs de la vie locale de part et d’autre de la frontière.

Ainsi pour les sous-préfets de Saint Julien en Genevois et de Gex et Nantua, il se passe toujours quelque chose du côté de Genève et des cantons de Vaud et du Valais.

Frontaliers de la Suisse ces arrondissements ont  tissé depuis des décennies des liens étroits avec les cantons de Genève , et de Vaud  tant à travers les milliers de travailleurs frontaliers qui tous les jours franchissent la frontière, que par les multiples échanges culturels, économiques et sociaux.

Ce partenariat s’exprime au sein des structures de concertation telles que le Comité Régional Franco-Genevois, co-présidé par le sous-préfet de Saint Julien en Genevois ou le Groupement Local de Coopération Transfrontalière auquel l’État est associé, mais aussi au sein de multiples groupes de travail qui gèrent le « quotidien ». Pour exemple il faut gérer le dossier de la nappe phréatique du genevois qui délivre une partie de l’eau consommée à Genève polluée par les perchlorates…

Mais c’est la gestion des transports et des déplacements qui constitue à n’en pas douter le défi majeur pour les deux pays  dans les stratégies de  coopération transfrontalière. A cet égard la présence de l’État dans le Grand Genève mais aussi au sein du Conseil du Léman lui permet de faire entendre sa voix et de mobiliser l’ensemble des services sur ces dossiers frontaliers, .

L’objectif étant dans le cadre du nouveau pôle métropolitain d’avoir une approche qui ne soit pas  conçue indépendamment d’un côté ou de l’autre de la frontière mais qui repose sur une vision macro-territoriale.  De nombreux projets sont ainsi portés par les deux pays : développement du co-voiturage, amélioration des transports en commun, réalisation d’infrastructures de transport par rail à l’exemple du projet emblématique du CEVA ( véritable RER franco-genevois), projets pour la qualité de l’air et de l’environnement, coopérations économiques ….

Dans ce contexte, quel est le rôle des sous-préfets ?

Dotés d’une lettre de mission du Préfet de Région, ils jouent un rôle essentiel à l’interface entre les différents acteurs des territoires.

Ils sont « la parole de l’Etat » dans les réunions de travail, et le relais des politiques publiques dans la mise en œuvre des projets d’aménagement.

Ils sont reconnus comme les interlocuteurs « premiers » du Conseil d’État des cantons de Geneve et Vaud et de leurs services et les liens étroits et permanents établis entre les trois sous-préfets concernés ( le sous-préfet de Saint Julien en Genevois, celui de Gex, et la sous-préfète de Thonon) sont à cet égard essentiels.

Ils possèdent par leur proximité et la permanence de leur action les capacités de réactivité et de présence dans les différentes instances de concertation.

« La frontière est un mot borgne. L’homme a deux yeux pour voir le monde ». (Paul Eluard)

Le quotidien du sous-préfet frontalier l’incite à garder les yeux bien ouverts sur une relation complexe mais toujours passionnante.